Jangarh Singh Shyam, Jean-Michel Basquiat, Keith Haring, ARTPARIS Grand Palais 30 mars 3 avril 2011

Au Grand Palais, deux acryliques sur papier de Jangarh Singh Shyam étaient présentées à proximité de peintures de Jean-Michel Basquiat et de Keith Haring.

Né la même décennie que Basquiat (1960), Jangarh Singh Shyam est mort prématurément. Il a mis fin à ces jours en 2001 au Japon. L'œuvre de Jangarh Singh Shyam a été prolifique et d'une constante créativité pour cet artiste autodidacte repéré, encore adolescent, dans un village du Madya Pradesh par l'artiste et guru indien Jagdish Swaminathan (1928-1994).

La première acrylique (263x150 cm) présentée a été réalisé à Paris. Jangarh Singh Shyam y avait été invité pour participer à l'exposition Magiciens de la terre (Centre Pompidou 1989). La touche y est proche de l'expressionisme abstrait, comme si cette peinture, singulière dans son style, avait été influencée par la découverte de l'art moderne dans les musées parisiens. Le tronc, les branches et les feuilles de l'arbre de vie, sujet principal de cette œuvre, sont esquissées par de vigoureuses touches de pinceaux. La radicalité des tons surprend : noir, bleu, rouge et jaune. Des couleurs primaires rarement utilisées par l'artiste. Les fruits de l'arbre sont de simples empreintes de doigt faites d'un jaune vif.

La seconde acrylique a été faite en Inde en 1990. On y retrouve pleinement ce style qui aujourd'hui a été adopté par de nombreux autres peintres de sa tribu, celui des Gond. Une constellation de points constituant un serpent s'enroule sur le corps d'un arbre.

Toute l'œuvre de Jangarh Singh Shyam est une manifestation picturale de l'énergie, de la vibration. Basquiat exprime une énergie à la fois primale et contemporaine, celle de ses racines africaines et celle des rues de New York. La vibration omniprésente chez Jangarh Singh Shyam est celle des racines de l'âme indienne, celle des Adivasis (littéralement les premiers habitants de l'Inde). Une perception animiste de l'atome, de l'énergie constituée de particules. En transe, les chamans Gonds perçoivent les particules de leur corps se dispersant dans l'espace pour rejoindre les particules des esprits et former d'autres corps. Cette approche de la vibration dans les dessins à l'encre de Jangarh Singh Shyam se matérialise sous la forme d'une multitude de traits juxtaposés partant des contours du sujet représenté pour se disperser en éventail dans l'espace environnant. Un effet de rayonnement semblable à ces auréoles qui entourent les personnages de Keith Haring.

L'œuvre de Jangarh Singh Shyam n'a encore donné lieu à aucune exposition ou publication monographique. Ce travail qui reste à faire donnera la possibilité de découvrir et d'étudier cet artiste déjà considéré en Inde comme une légende.

"The life of Jangarh Singh Shyam contains the stuff of a mythical tale: an unknow tribal boy from the forest of Mandla lands up in the city of Bhopal and achieves considerable renown as an artist."
Gulammohammed Sheikh in catalogue "Other Masters" New delhi 1998.

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